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004 – Qu’est ce qu’un homme ?

Voilà une question que même les philosophes se posent rarement. Ils ne proposent guère de réponses comme s’ils étaient sidérés devant les «avancées de la science» et soupçonneux devant les «dogmes religieux». Tout un chacun croit la question réglée, confiant à la tradition, aux savants, aux spécialistes le soin de connaître le lien entre ce qu’est l’homme et les affaires humaines que nous avons à traiter dans notre existence. Pourtant si la question n’est pas posée des réponses nous sont distillées implicitement à longueur de discours et de communication publique. Il est vrai que dans toute considération sur l’homme, sur le monde, sur les problèmes et les solutions, sur les situations que nous vivons il y a une conception implicite de l’homme, son bien et la façon de s’y prendre. C’est le rôle de l’Humanisme Méthodologique d’y mettre quelques lumières.

Parmi les conceptions on en citera trois qui prédominent.

 L’homme est un animal singulier.

Comme tel il est animé par des pulsions, des sentiments, qui régissent ses comportements. Pour les uns c’est le pire des animaux pour les autres c’est le meilleur ou bien les deux à la fois. Le coeur de l’homme, là où réside son humanité, c’est son âme que certains diraient «animale», l’âme animale qui anime, qui meut, une âme dotée de puissances, influencée par des puissances, bonnes ou mauvaises. La référence méfiante ou révérée au coeur, aux émotions, aux sentiments, aux pulsions sinon aux instincts structure ici la plupart des jugements sur les hommes et leurs affaires. Il y a un humanisme des bons sentiments qui se fonde sur cette conception de l’homme.

L’homme est un organisme biologique.

Comme tel il est entièrement régi par les lois de la nature des choses. Son corps est le véhicule de son fonctionnement avec toute la complexité de son organisme et toute celle des interactions avec le milieu environnant. Cette conception, étayée par une biologie génétique qui se veut explicative du fonctionnement de l’homme va aussi avec la critique des dysfonctionnements qu’il infligerait à son milieu par ses propres dysfonctionnements. L’homme aurait-il ce privilège d’être parmi tous les êtres naturels le seul capable de transgresser sa nature ? Sur le modèle naturaliste biologique, l’économie systémique ou une certaine bio-sociologie sont développées. N’y aurait-il pas là aussi une sorte d’humanisme du bon fonctionnement, conforme aux lois naturelles, un humanisme de l’équilibre ?

 L’homme est une conscience intellectuelle.

Cette conscience émergente est appelée à se développer et l’humanité à se réaliser ainsi. L’homme n’est pas un donné mais un devenir. La raison est le vecteur de cette réalisation de l’humanité. Son exercice dans la réflexion, la conduite et l’organisation rationnelle de son existence et de la cité, est l’enjeu des affaires humaines. Le développement de cette rationalité qui réalise l’humanité établit une hiérarchie des compétences humaines de telle façon que les plus avancés, une élite, encadre les moins avancés pour qu’ils progressent. L’humanisme, éclairé par la raison (ses « lumières »), vise le progrès humain en s’émancipant de la prévalence des dimensions animales ou biologiques qui doivent être ainsi contrôlées.

Ces trois conceptions ont, bien sûr, de nombreuses variantes et surtout de nombreuses illustrations ou traductions sans couvrir tout le champ des conceptions de l’homme

L’ Humanisme Méthodologique met en évidence que ces trois types de conceptions privilégient chacune une des composantes de l’existence individuelle en y réduisant l’humanité de l’homme. L’existence de l’homme en tant qu’individu se déploie selon une structure dite le « cohérenciel » dont l’origine sera explicitée ultérieurement. Selon cette structure cohérencielle de l’existence individuelle trois composantes se dessinent.

  • La composante affective ou sensible par laquelle l’individu s’éprouve et éprouve le monde environnant et les autres hommes.
  • La composante corporelle par laquelle l’individu interagi avec l’environnement selon des comportements organisés grâce à son organisme physique.
  • La composante mentale par laquelle l’individu se représente et se représente le monde de telle façon qu’il construit une identification relative.

Ces trois dimensions s’intègrent ensemble dans un quatrième plan qui est le plan relationnel et celui des rôles dans la société des hommes et ses communautés.

Il suffit d’enlever une composante pour qu’il n’y ait plus d’homme. Ces composantes ne sont pas des éléments juxtaposés. Elles sont comme différentes facettes de la même chose, de l’existence de l’individu. Il faudra comprendre pourquoi celles-là et d’où vient cette structure cohérencielle dont il y a encore beaucoup à dire.

Tout d’abord on notera que l’individu comme objet n’existe pas hors d’un contexte, celui du monde environnant auquel il participe. L’homme comme sujet est aussi le siège d’une capacité intentionnelle, de vouloir par lui-même, au-delà des simples pulsions et conditionnements qui le traversent. L’homme n’existe pas non plus en dehors de l’histoire, d’une histoire, de son histoire ni dans une instantanéité abstraite, un présent figé hors du temps, ni dans un espace hors du monde. En outre cette histoire est celle d’un développement, d’une évolution tout au long d’une vie et chaque élément de l’existence participe et contribue à cette histoire, celle de l’homme comme projet.

Tout cela qui caractérise et détermine l’existence individuelle n’est pas le tout de l’homme. Son Instance on le verra trouve à s’exprimer, s’incarner dans cette existence-là mais ne s’y réduit pas. Mais cela est un autre chapitre de l’Humanisme Méthodologique.

 

4 commentaires

  1. * qu’est-ce qu’un homme?. Telle question a été exactement l’objet d’une proposition d’extrait que j’ai voulu partager, pour voir comment profiter des vertues de l’approche systémique sur l’humanisme méthodologique, et à ma surprise, en même t…emps; surgisse cette question sur l’homme. donc je vous invite à lire cet extrait: « Un modèle d’une entité totale; lorsqu’appliqué à l’activité humaine, il se caractérise en termes de structure hiérarchique, de propriétés émergentes et de réseaux de communication et de contrôle. Lorsqu’appliquées à des ensembles naturels ou des ensembles conçus par l’homme, les propriétés émergentes qui s’en dégagent en constituent la caractéristique première » [Checkland]. De plus, il ajoute que « … un ensemble complexe peut posséder des propriétés qui se retrouvent au niveau de l’ensemble, mais qui ne sont pas significatives ou pas représentatives des parties qui le composent. Ce sont des propriétés émergentes ».
    Les notions de système englobent des propriétés telles que l’émergence, l’interaction, l’interdépendance, la finalité, l’identité et l’évolution. Il est important d’ajouter ici que les systèmes n’existent pas dans la réalité. C’est un « construit » théorique, une hypothèse, une façon parmi d’autres de concevoir les ensembles. Cependant, nous pouvons observer une multiplicité d’entités concrètes existant dans la nature et illustrant les notions de système présentées précédemment. La nature elle-même constitue une immense totalité (système) englobant des sous-ensembles (sous-systèmes) comme l’homme qui lui-même est formé de sous-sous-ensembles.

    • Comme vous dites la notion de système est un construit théorique (mental) et humain. Lorsque vous parlez de système naturel, il ne faut pas oublier que la réalité systémique de la nature est un construit humain. Du coup que signifie de décrire l’homme comme système ou sous-système? Si on ne cherche pas ce qu’est le processus de « construction » de nature humaine on dérape vite vers cette schizophrénie qui coupe l’homme construisants un modèle pour ses propres fins et l’homme expliqué par un système dont il est seul auteur. La clé est à chercher du côté de ce qui se révèle de l’homme dans cette construction parmi d’autres théories construites. Chaque « construction » dit quelque chose de l’homme et de sa quête mais on peut se demander s’il y a des théorise plus pertinente pour la destinée humaine et son accomplissement. Le systémisme que je connais depuis longtemps est utile pour embrasser certaines complexités mais c’est un piège lorsque de descriptif on en fait un système explicatif. Exemple : le système économique mondial une vue de l’esprit (il y a la vue et il y a l’esprit) auquel on attribue puissances, nécessités, bienfaits et malheurs. Quand aux propriétés des systèmes naturels (du modèle construit donc) il serait intéressant de le comparer d’une part aux différents paradigmes épistémologiques classique et d’autre part à la réalité telle que l’humanisme Méthodologique la comprend comme réalité humaine (voir les textes en cours de publication et à venir). Cordialement

  2. Quelle définition peut-on donner à l’homme ? comment l’humanisme peut-il construire un paradigme explicatif de l’étre humain?; Ce dernier constitut la problématique et en même temps l’objet d’une pensée qui tente à résoudre une énigme qui a constitué les préoccupation de tous les philosophes et antroologues depuis l’apparition de l’homme « acteur » au sein de l’univers coupant ainsi avec la notion de l’homme en tant qu’ âme destinée à subir ce qui lui est prédestiné.
    La résolution de cette question met en exergue le degret de complexité pour appréhender un modèle explicatif de la nature humaine.

    • Nous y sommes. C’est bien l’enjeu de l’Humanisme Méthodologique. Mais est-ce bien un « modèle explicatif » qui convient ? La complexité ne se résout-elle pas aussi par le recours au simple qui est principe, ici le Sens ? A suivre…

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