Dans l’expérience du Sens en conSensus cette dimension est celle du Sens comme tension, tension en soi mais qui dépend de la présence des autres, du conSensus.
L’expérience de cette tension en soi, comme l’amorce d’un mouvement, d’une tendance, d’une aspiration, on la connait aussi comme intention, désir, motivation, volonté, détermination etc. C’est cela l’expérience du sujet, expérience qui le constitue même. Seulement, la source qu’est le Sens n’étant pas habituellement consciente on ne peut savoir si le sujet intentionnel est sujet à cette tension en lui ou sujet de cette tension. La notion de sujet est prise dans cette dualité de compréhension. Il y a en moi plus fort que moi ou alors je suis la source de cette force intérieure qui se confronte aux autres de par le conSensus.
Alors la dimension subjective de la réalité est liée au sujet qui la nomme, la qualifie. C’est ceci ou cela est une déclaration d’expérience subjective. Dans un cas elle apparaitra comme inhérente à la chose, à la réalité comme si cela s’imposait à soi, dans l’autre elle apparaitra comme l’expression d’une intention à l’égard de la chose qui devient ceci ou cela en conséquence. C’est le «point de vue», la position du sujet qui détermine ce qu’est la chose, la réalité, la situation considérée. A ce titre la réalité est endo-déterminée. Entendons cela comme : elle porte en elle-même sa propre signification qui la qualifie ou bien elle porte la signification que «je» lui attribue en conscience ou non mais toujours avec d’autres. Cette conscience de soi n’étant pas donnée d’avance alors je peux être persuadé que la qualité de la chose lui est intrinsèque. Nous savons que cette qualité est conférée à la chose en même temps que la chose existe dans l’expérience du sujet. Ainsi deux personnes peuvent attribuer à une même chose des qualités différentes et même intentionnellement divergentes. Mais pour chacune la chose est une et l’expérience de l’autre suspecte de subjectivisme. Il faut d’ailleurs un tiers ou une conscience mature pour que la dualité des expériences apparaisse comme dualité de la chose. Dit autrement le sujet aperçoit ce qu’est la chose pour lui sans se savoir l’auteur intentionnel de cette quiddité (ce que c’est).
Or, on le verra avec les plans adjacents de l’expérience subjective, les qualités sont toujours relatives au sujet (chaud ou froid, grand ou petit, bon ou mauvais..) et les représentations aussi. La république, la loi, l’idée n’existent que pour un sujet même s’il est en accord ou désaccord avec d’autres. Sans sujet rien de tout cela n’existe.
Souvent cette endo-détermination subjective de la réalité, de toute chose, est comprise comme un relativisme absolu, un arbitraire, un solipsisme, par ceux qui ne voient pas que ce n’est qu’une dimension de l’expérience du conSensus qui n’existe pas sans les autres. De là aussi la négation de cette dimension, dans un objectivisme par exemple qui ne veut re-connaitre que l’exo-détermination comme avec le hasard par exemple. Cette position est si répandue que la science y est souvent a assimilée. C’est en fait une position subjective qui s’ignore. Alors la subjectivité est réservée à des champs arbitraires où l’originalité du sujet est suspecte d’anormalité comme sa créativité.
De par sa dimension subjective le monde est celui de chaque sujet engagé dans des conSensus avec d’autres. Ils partagent alors les mêmes mondes en les croyants souvent uniques. Le subjectivisme ignorant le conSensus et l’altérité, fait de son expérience de la réalité le critère et le référent de toute réalité. De cette façon son point de vue est jugé universel et la subjectivité d’autrui disqualifiée si elle ne se rend pas à l’évidence.
Paradoxalement le subjectivisme tiens à une méconnaissance de la subjectivité et du Sens qui la fonde. Soit d’un côté il justifie l’arbitraire des appréhensions de la réalité sans possibilité d’un monde commun, d’une réalité commune; soit d’un autre côté il suppose une légitimité absolue de son propre arbitraire qui fait de la réalité un monde unique.
Le subjectivisme est donc présent dans les affirmations de l’unicité de la réalité comme dans les affirmations de l’arbitraire des conceptions du monde.
La réalité subjective est cette dimension de la réalité qui fait que nous en sommes parties prenantes, individuellement mais avec tous ceux qui partagent le même conSensus. De ce fait la réalité est à la fois témoin de notre position (subjectivité), témoin des autres (objectivité). Tout se passe comme si elle portait en elle le Sens et le conSensus qui ne résident que dans les Instances humaines et qu’elle s’en trouvait porteuse de qualités et de propriétés d’expérience humaine. On notera que la force est une figure de la tension intérieure qu’est l’expérience du Sens en conSensus. Ainsi la force de caractère et la force mécanique auraient même origine.
La dimension subjective de toute réalité amènera à s’interroger sur son origine, son «originélité». C’est la réalité de qui, le point de vue de qui, selon quelle intention, aspiration, motivation, détermination endogène, volonté propre, signification, orientation, désir, pulsion. Autant de visages du Sens qui fonde l’expérience du sujet, la réalité individuelle, et tout ce qui ressorti de la communauté de conSensus.
Quel monde voulons nous? Voilà une question qui doit retrouver sa pertinence. Mais pour cela il faut pouvoir disposer d’une liberté de Sens et de conSensus. C’est tout un autre chapitre de l’Humanisme devenant Méthodologique.
Rappel de la structure cohérencielle de la réalité