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071 – La communication comme expérience

La communication humaine est de nature humaine. C’est pour cela qu’elle est d’abord partage de Sens constituant les conSensus qui fondent l’expérience réalisatrice. La communication est le moteur des dynamiques actuelles, source des réalités et leurs dynamiques historiques. Mais aussi elle est aussi expérience réalisée et par cela s’inscrit tant dans l’expérience première ou elle trouve sa structure existentielle que dans le déploiement de celle-ci où l’on va retrouver les visages et les dynamiques historiques de la communication.

D’abord considérons les composantes de la communication et ses dimensions structurantes.

Première composante, affective, la communication comme affectation réciproque, comme vécu partagé. Ce peut être le règne de la fusion confusionnelle, celui de la provocation affective ou émotionnelle, celui de l’influence ou la captation affective. Bref tout un univers des communications humaines qui sont posées comme fondatrices des relations humaines et de leur qualité, amour, haine, attractivité, répulsion etc. Cette composante est souvent considérée comme agissante, ou bien le but de la communication ou encore son moyen. On le voit le statut de cette composante comme pour les autres, est très variable, sans doute en fonction du Sens en conSensus qui donne la qualité spécifique de l’affect. La confusion de soi avec ses affects engage la recherche de communications affectives spécifiques comme fin et pas seulement comme moyen.

Deuxième composante, factuelle, la communication comme interaction, action et réaction. Sur ce plan la communication est un investissement du corps par les gestes, les signaux, et les moyens intermédiaires de transmission. La communication s’assimile alors à un transport avec contenus et véhicules, émissions et réceptions. On comprend que les sciences mécaniques soient souveraines lorsque la communication est réduite à cette composante. Cela ne veut pas dire que toute communication n’a pas cette composante ce que d’autres réductionnismes semblent oublier. La communication factuelle n’est pas sans utilité évidemment mais ce n’est pas pour autant que les autres composantes ne prennent pas part à toute communication humaine.

Troisième composante, la composante mentale dont les langages sont les contenus de même que les images, tous médiateurs des idées et formes de pensées. Tout se passe comme si une identification mentale était rendue possible par ces médiations. Leur importance est soulignée par cette formule de Mc Luhan disant que le médium était le message. C’est bien un certain trouble qui accompagne les conceptions formelles de la communication où de formes en formes, toujours médiatrices on ne sait pas quelle est la forme ultime du procès de communication, celle que les médiations veulent transmettre. De là cette interrogation sur la lettre et l’esprit, l’une véhicule l’autre, enjeu de la communication. On retrouve bien là le principe de la communication humaine où toute médiation, mentale, factuelle ou affective ne fait que renvoyer au Sens (esprit) et au procès de conSensus.

Mais examinons aussi les trois dimensions structurantes de toute communication humaine.

D’abord l’intention. Qu’elle soit consciente ou non, la communication est l’engagement d’une intention, soit une initiative propre soit une réponse à une initiative ou une situation. C’est le Sens qui en est l’origine si bien que toute communication exprime et véhicule un Sens dont l’intention est comme le vecteur, conscient ou non, passif ou non. Ainsi toutes les composantes d’une communication témoignent de cette intention, étant portées par le même Sens qu’elles déploient. Sachant que l’intention est la traduction du Sens elle vise par le conSensus à toucher l’intention de l’autre ou des autres en convergence.

Ensuite, la dimension contextuelle avec les autres sans lesquels pas de conSensus soit qu’ils en soient à l’initiative par leur intention soit qu’ils en soient simplement parties prenantes dans l’établissement et l’activation d’un conSensus. La présence des autres pose la dimension contextuelle de la communication,contexte qui conditionne la scène de communication, contexte qui est déployé dans et par la communication, contexte qui inspire le procès de communication. Le contexte étant la manifestation du conSensus elle fait partie du procès de communication.

Enfin la dimension historique de développement du procès qui porte le Sens et le partage. Elle se traduit par le déroulement d’une scène, d’une histoire, histoire réalisée factuellement, histoire racontée mentalement. C’est la dimension narrative qui se raconte en discours, en représentations mentales, en actes – gestes et situations et qui est aussi vécue sur le plan des affects. Cette dimension historique situe aussi la communication dans un continuum avec un avant et un après ce qui en fait un mode d’intervention dans l’histoire des hommes des relations et des affaires humaines.

Evidemment les histoires d’émetteur récepteur, de transfert d‘information, de maniement des images et des discours ne sont que des aspects marginaux du phénomène de communication humaine.

Dynamiques historiques de la communication.

La première est celle de la maturation des processus de communication.

On retrouvera d’abord une compréhension archaïque où, par le biais des affects (ou vécu d’affectation réciproque), une influence et une transmission quasi magique sont recherchés et interprétés dans la communication.

Une compréhension factuelle plus évoluée, s’intéressera aux interactions considérées comme le but et le moyen de communication, employant des outils et techniques appropriés et agissants. On parlera même de mécanismes de communication que l’on verra automatisés sinon numérisés.

Une compréhension mentale cherchera dans la gestion des signes et leur interprétation la sémantique et la syntaxe de toute communication ou bien d’une intégration mentale de la situation relationnelle conceptualisée.

Enfin c’est au Sens, initial et final mais aussi constitutif de la communication que l’on peut aboutir. Si la communication exprime et manifeste le Sens en conSensus elle participe à sa révélation en chacun la révélation de chacun pour lui et les autres, la révélation de l’humanité dans les situations et les affaires humaines. Ses médiations et manifestations sont alors médiations et manifestations du Sens plus essentiellement que toutes autres utilités. La communication du Sens en est l’expression existentielle révélatrice. La communication révèle l’humanité.

La seconde dynamique historique est celle de la construction d’une communication pertinente. En cela elle rejoint la question de l’action dont on verra les proximités avec la communication. D’abord c’est d’un Sens et d’un conSensus qu’il s’agit. Il faudra donc clarifier sinon élucider le Sens de la communication et aussi ceux à qui elle est destinée, le pourquoi, le qui et le pour qui. Ensuite on pourra projeter ce Sens en  scènes, signes, structures, stratégies, pour en déployer les médiations. Les moyens opérationnels supports organisation opérations viendront matérialiser la communication et enfin les affects sont à la fois la marque d’être touché et de toucher selon les enjeux affectifs.

Cette séquence on l’imagine sera itérative et c’est comme cela que la communication est un ajustement progressif jusqu’à l’entendement commun qui paradoxalement n’a plus besoin de cet artifice, du moins momentanément.

Ces considérations schématiques n’ont pour but ici que de pointer différentes facettes des enjeux et pratiques de communication qui en montrent l’essentiel et aussi la complexité existentielle. Les processus en seront largement développées avec ceux de l’action humaine.

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