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073 – Définir l’action

L’action est l’engagement de toutes les activités humaines. Le champ est immense mais sa compréhension relève souvent plus d’automatismes culturels que d’une véritable investigation. C’est pour cela que la pensée de l’action, même compliquée, est souvent très pauvre. L’Humanisme Méthodologique ne se contente pas de comprendre et d’orienter mais il intervient dans le réel pour éclairer l’action humaine sous un nouveau jour en mobilisant des processus humains intervenant sur le réel.

Pour une première approche l’action se définit d’abord par son objet. Sur quoi porte l’action? La réponse n’est pas celle d’un objectivisme qui ferait de la réalité sur laquelle porte l’action comme un corps étranger rendant toute action humaine paradoxale. Il faut donc rappeler quelques principes. La réalité sur laquelle agir est constituée des re-présentations ou consciences et de leurs couches successives de re-présentations de re-présentations, formant l’édifice du monde ou du moins d’une situation visée. On sait qu’il s‘agit notamment d’affects, de faits, de formes mentales, le tout engagé dans une histoire spatio-temporelle. Mais la réalité ainsi «réalisée» est au fond re-présentation d’une expérience première déployée selon le cohérenciel. Ce cohérenciel peut apparaitre comme la source des réalités comme les mathématiques ou les lois de la physique peuvent sembler la source des phénomènes physiques. Il est vrai que l’étude du cohérenciel de l’expérience première nous a mis en contact avec des problématiques épistémologiques que l’on retrouve en partie dans les sciences. Les phénomènes se réalisent par re-présentations à partir de l’expérience première et sa structure cohérencielle. Il est de fait qu’observer quelque chose ne laisse pas apparaitre ce cohérenciel mais des re-présentations qui en sont issues par tel ou tel mode de conscience. Mais on le sait, l’expérience première ainsi structurée est l’expérience du ConSensus. C’est là la source de toute expérience et réalité humaine. Les Sens rassemblés en Cohérences dans les Instances humaines forment des conSensus partagés qui sont la cause humaine de l’expérience humaine donc des réalités humaines. On pourrait continuer et se demander d’où viennent ces Instances avec leurs Sens, leurs Cohérences et les consensus, d’où vient que ces conSensus fassent réalité avec leurs dynamiques actuelles et historiques. La réponse à cette question échappe à l’humain dans son contenu d’humanité mais se pose comme «manque principiel» qui est souvent nommé Dieu. Ensuite viennent des confusions entre ce qui serait Dieu en soi et ce qui serait Dieu pour l’humanité, engagé donc dans l’expérience et l’action humaine. Ainsi ce sur quoi l’action se porte, son objet est marqué de la participation de l’homme selon les phénomènes humains. Pas d’indépendance de l’homme, de l’action et de son objet. Par contre une position épistémologique indispensable. Selon la façon de concevoir la réalité l’action sur cette réalité changera évidemment.

Ensuite on peut se demander pourquoi agir. La réponse va se chercher du côté de la source c’est-à-dire du Sens de l’action. Ce Sens peut être un Sens général, une position humaine, une orientation comme on l’a vu. Ce peut être l’accomplissement humain qui est en jeu auquel cas le discernement des Sens et la révélation de l’humanité de Sens sont les finalités ultimes de toute action et toute activité humaine. Le sens de l’action peut être le Sens du bien commun, d’un situation particulière et l’action en emprunte tous les critères et toutes les exigences. Vivre et agir ont même Sens et toutes las occasions, situations et affaires humaines y participent. Il y a d’autres Sens qui se caractérisent par une «méconnaissance active» du Sens, une forme de déni et on pourrait dire que ces finalités de l’action occultent l’humanité de l’homme activement. Il en va des positions rationalistes qui font de la Raison la cause des choses et aussi matérialistes qui font des choses la cause des choses par l’interaction des forces de la matière. Il y a aussi un individualisme qui fait d’une sorte de puissance individuelle la cause magique de toute chose. Les variantes sont nombreuses où l’agir humain est posture accessoire subie au lieu d’un engagement en vue d’une révélation d’humanité. La réponse au pourquoi agir peut aussi se chercher du côté des structures existentielles de l’expérience première. Alors l’action sera le fruit d’une intention humaine qui nous renvoie du côté du Sens et de l’expression de finalités. Elle sera la conséquence d’un processus historique pour atteindre un but projeté et anticipé. Elle sera la visée d’un état, d’un résultat, d’objectif qu’il faut obtenir. L’action humaine peut chercher ses fruits du côté des affects et des relations, du côté du corps et des comportements, du côté des idées et des représentations mentales. Si c’est le Sens de l’accomplissement qui est engagé alors tous ces aspects sont impliqués dans toute action. C’est le cas aussi avec le Sens du bien commun selon les conditions culturelles qui l’accompagnent. Enfin le pourquoi agir se traduit en termes de transformation d’une situation, d’une réalité de quelque chose. Cette transformation peut être création – jamais ex-nihilo – progression selon un axe d’orientation, modification, suppression, construction, etc. Dès lors on pourrait engager quelque action répertoriée pour produire l’effet recherché ou quelqu’artifice, méthode, technique, outil ou procédure, sensés aboutir aux résultats escomptés.

,Enfin vient la question tant attendue du comment agir.

Il y a là une grande difficulté par la cohérence ou l’incohérence des croyances opératoires (ce qui agit) et des croyances portant sur la réalité des choses. Souvent existe une coupure entre les deux et avec l’expérience humaine. Par exemple l’agir mécanique réflexe et l’abstraction mentale, scientifique par exemple ou idéologique. Il ne s’agit pas ici d’une analyse critique de l’existant mais de déployer une nouvelle conception et de nouvelles pratiques associées. Dans les enseignements d’Humanisme Méthodologique on apprend très vite que les méthodes et techniques proposées ne marchent pas. Seuls les hommes marchent, agissent, même au travers de machines ou de procédés.

Seuls les conSensus sont la source des réalités et de leurs changements, donc toute action touche aux ConSensus, Sens et Instances en partage. Par ailleurs tous les projets d’action dans le monde passent par des enjeux existentiels et des artifices existentiels tels que méthodes, techniques, outils, moyens… L’important est de comprendre qu’ils ne sont pas agissant par eux-mêmes mais constituent des médiations pour les hommes, agissants par conSensus. Comme pour la communication ces médiations paraissent activer Sens et conSensus qui en retour s’actualisent dans une réalité transformée. De là l’apparence de l’efficacité des moyens alors qu’il s‘agit de l’efficacité de l’acte d’emploi des moyens, de l’acte humain donc. Ainsi c’est dans la réalité que des moyens, méthodes techniques, procédés, outils vont être mobilisés comme artifices de travail sur le Sens pour l’action. Il s’agit donc toujours d’articuler en conscience les réalités et accessoires de l’action avec les Sens et conSensus qui les sous-tendent. C’est la pratique d’une intelligence symbolique ou intelligence du Sens qui est alors développée sur la base des phénomènes humains sur lesquels agir et dans lesquels agir. Ainsi l’articulation Sens réalités demandera un discernement, du moins porté par quelque acteur qui peut ainsi déployer et diriger l’action. Il faut ajouter la question de l’expérience première et des structures cohérencielles qui semblent faire la médiation entre conSensus et réalités existentielles et vice versa. Cette structure cohérencielle trouvera tout son intérêt pour l’action d’intelligence symbolique tant pour la structuration des réalités et donc de l’action et ses moyens que pour la dynamique historique qui servira à penser l’action, ses moyens, les situations et toutes les réalités impliquées. Tout cela sera largement développé dans les prochaines leçons.

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