Si la réalité est humaine l’espace et le temps aussi. Dans la structure cohérencielle de l’expérience première la dimension projective nous avait déjà fait rencontrer l’espace-temps dans lequel se déploie toute réalité, toute existence. Le temps naît de l’expérience du Sens, associée à la dimension intentionnelle, subjective. La tension désirante ou inspirante, aspirante, motivante fait expérimenter la non-immédiateté. Le temps est inhérent à l’expérience première du Sens. Ce qui arrive cela m’arrive dans une temporalité qui s’exprime comme succession, déroulement, dans la dimension projective où mon existence s’inscrit.
L’espace naît, lui, de la distance dans l’alternance présence/absence ou proximité/distance. Elle s’associe à la distinction entre soi et l’autre comme ensuite entre l’autre et l’autre. La conception de l’espace vient de cette expérience première. La distinction qui fait nombre fait aussi les éléments et les corps qui s’inscrivent dans l’espace-temps de la dimension projective, c’est-à-dire l’histoire existentielle des choses, des réalités, des mondes, des individus.
Le temps est une source du mouvement mais celui-ci n’existe que dans l’espace. Le mouvement existentiel est le déploiement des choses dans leur existence. Celui qui va d’une venue au monde à une disparition du monde, disparition des existants, disparition du monde aussi (de tel ou tel monde).
Il y a dans l’expérience de la réalité, différentes appréhensions du temps et de l’espace
- Dans la dimension subjective le temps est tension, l’espace est impulsion
- Dans la dimension objective l’espace est distance, le temps est fréquence
- Dans la dimension projective l’espace est étendue, le temps est durée
- Dans la composante formelle, l’espace est enveloppe des formes, le temps est émergence des formes.
- Dans la composante factuelle, l’espace est le milieu où se situent les corps et le temps est la séquence des faits et des effets.
- Dans la composante sensible, l’espace est champ d’expérience, le temps est pulsion éprouvée.
Il se trouve que selon le Sens en conSensus la réalité peut-être distordue ou réduite s’accompagnant d’une conception du temps et de l’espace spécifique. On en a ici un premier aperçu.
On notera à cette occasion que dans chaque expérience existentielle, chaque réalité est réalisée selon un cohérenciel, référentiel où les propriétés de la réalité sont toujours les mêmes. Changer de réalité donc de conSensus c’est changer de cohérenciel, de référentiel, mais toujours selon les mêmes dimensions et composantes. Dans chaque réalité, monde ou chose, un espace temps se déploie. Seulement pas le même espace temps. Pour cela il faudrait envisager une réalité «englobante» dont le cohérenciel donnerait une spatio-temporalité commune. Seulement ce cohérenciel n’est pas celui de chacune de ses parties et il est donc celui d’un autre monde. Autant de Cohérences dans l’Instance humaine autant de mondes et bien plus encore. Si bien que pour l’Humanisme Méthodologique toutes les affaires humaines sont à situer dans un référentiel choisi, le cohérenciel de la situation. Cela vaut pour les situations macroscopiques, les grandes choses et pour les situations microscopiques, les petites choses. C’est encore un lien entre les affaires cosmiques et les affaires que l’on dit infiniment petites.
Une autre question s’associe à celle de l’espace et du temps c’est celle du mouvement.
En effet une réalité dont on annulerait l’extension spatiale disparaitrait et de même si on annule sa durée temporelle. Cela implique que rien n’est immobile dans l’espace temps. Soit c’est un mouvement de continuation dans le temps, soit c’est un mouvement d’occupation de l’espace à minima.
Le mouvement est à appréhender selon les différentes dimensions et composantes de la réalité.
- Pour la dimension projective le mouvement est développement spatio-temporel, développement existentiel
- Pour la dimension subjective le mouvement est motion intérieure motivation par exemple
- Pour la dimension objective le mouvement est alternance d’apparition disparition au rythme aléatoire.
- Pour la composante factuelle le mouvement est déplacement d’un corps d’un lieu à l’autre, la transformation ou transportation des corps.
- Pour la composante mentale le mouvement est émergence et déploiement des formes, de la pensée comme du discours par exemple. Il dessine une trajectoire «d’écriture».
- Pour la composante sensible le mouvement est un émoi, une pulsion, une interférence, une vibration…
Il faut ici prendre l’image de l’horloge, cette incarnation métaphorique de l’espace temps humain. Il articule une tension, celle d’un ressort par exemple, avec le battement alternatif qui va entrainer un mouvement circulaire en même temps que celui du balancier. Chaque partie de l’horloge marque une dimension du temps. Il faut bien sûr qu’un référentiel, le système des cycles horaires, permette l’interprétation du mouvement linéaire comme il a inspiré la conception et la réalisation d’une incarnation horlogère du mouvement existentiel. On en retiendra notamment le fait que c’est le produit (vectoriel) des vecteurs subjectif (intentionnel) et objectif (attentionnel) qui détermine le «moment» de l’expérience.
Ces aperçus montrent l’importance de ces questions dans les affaires humaines et leur dynamiques. Il faut rapprocher cela de ce qui a été dit de l’énergie dont la source est le conSensus et dont la manifestation est à la fois l’existence de la réalité et son mouvement dans toutes ses dimensions. Il faut pointer aussi le fait que si l’expérience réalisatrice se déploie dans l’espace et le temps il n’en va pas de même pour l’Instance, le Sens et les conSensus. Il sont transcendants à toute réalité et transcendent temps et espace dans lesquels ils ne sont pas, tout en en étant la source. Nos discours, nos réalités et ces textes mêmes sont existentiels donc dans un espace temps. C’est de telle ou telle situation existentielle que l’on en vient à parler de ce qui la transcende et c’est dans son espace temps que l’on inscrit les «figures» de l’Instance, du Sens et des conSensus. Comme on le verra, les affaires humaines intellectuelles ou matérielles notamment, se situent dans un espace temps existentiel et c’est de là que la question d’accéder à la source transcendante du Sens en conSensus se pose. Il ne peut y avoir liberté de choix de Sens sans cet accès. Il en va de même pour l’agir humain. Si les questions et les réponses se situent dans l’existence, dans la réalité, la clef se trouve dans l’Instance transcendante. L’agir humain devra trouver les voies pour intervenir à la source de la réalité en question. Vaste chapitre qui conditionne le Méthodologique de cet Humanisme et le met à l’épreuve de la réalité humaine.