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050 – L’Etre en devenir

Si le principe de toute réalité existentielle est Sens, en conSensus, alors son existence est devenir. Il s’agit bien de toute réalité existentielle sans exception, de l’existence humaine individuelle, de l’existence collective, communautaire, de l’existence de toute chose, de nos mondes et de l’univers mais aussi d’une pensée, d’une émotion, d’un évènement, d’un projet, d’une action, d’une entreprise.

Le devenir est compréhensible comme déroulement d’une existence dans le temps mais aussi comme développement selon l’espace existentiel. Le devenir est spatio-temporel et cela découle de l’anthropologie que nous avons déployée, de l’actualisation des conSensus en réalités réalisées et de l’émergence de l’espace et du temps selon cette actualisation. Nous aurons encore beaucoup à explorer concernant la question de cette actualisation des Sens en conSensus que nous voyons prendre toujours la forme d’un devenir mais aussi la question d’une activation de conSensus qui va nous permettre d’intervenir sur le devenir. La troisième partie des leçons portera justement sur les pratiques et leurs enjeux de l’agir humain. Auparavant il nous faut comprendre sur quel terrain cela s’opère qui est toujours un devenir. L’existence humaine et de toutes choses est devenir et l’action humaine est intervention sur un devenir.

Cette conception n’est pas si commune par exemple lorsqu’on se souciera surtout de survie ou bien de fonctionnement ou bien de construction ou bien d’emprise. On voit là que l’agir humain est sans doute corrélé quant à ses finalités et ses modalités avec le Sens qui est privilégié. En effet le devenir ne prend pas les mêmes visages selon les Sens; régression ou progression, conservation ou croissance, développement selon tels ou tels critères. Ce qui va nous occuper ici c’est de ce que signifie le devenir selon le Sens de l’accomplissement humain sachant qu’il y en a d’autres.

L’accomplissement humain est la finalité commune au devenir de toutes choses et de notre existence même. Un point de vue peu fréquent mais non sans références. L’univers aurait comme destinée l’accomplissement de l’humanité. Même chose pour chaque existence humaine y compris communautaire, pour chaque projet, chaque réalisation, chaque chose, chaque action donc aussi bien. Le devenir de toutes choses est ainsi une histoire d’accomplissement humain.

Nous retrouvons là la question du bien de l’homme inhérent à l’humanité et sa réalisation du monde mais aussi, bien sûr, son devenir.

Ce bien humain peut se résumer à : réaliser le monde selon un devenir qui débouche sur une révélation de l’homme, cette conscience symbolique, cette maîtrise humaine de l’existence. C’est là l’enjeu de toute vie humaine de toute réalité, de tout agir humain dès lors qu’ils sont engagés dans le Sens d’accomplissement. L’existence a pour fin de devenir pleinement homme en conscience et libre disposition de son humanité. En poussant l’analyse le devenir existentiel vise au devenir «être» humain. Il y a là une question qui vient. L’homme n’est-il pas un être dès avant de devenir, de s’accomplir ? La réponse est non, déjà sous le mode de la conscience d’être, de la libre disposition, et même de l’unité d’âtre qui ne va pas de soi. Cette question sera explorée dans le chapitre de l’accomplissement humain où on verra que c’est dans sa fin que s’accomplit l’humanité. Pour le moment il nous faut retenir que toute existence est engagée dans un devenir existentiel et que celui-ci a pour fin un devenir être. Cela est sous réserve que le Sens de l’accomplissement soit investi, le Sens du bien de l’homme, mais il y a en a d’autres que nous croiseront en chemin. En effet comme avec une boussole, le chemin suivi est toujours susceptible de prendre une autre direction et c’est pourquoi il faut emmener la boussole avec soi, ici un certain discernement des Sens et quelques repères du «bon chemin». Comme toujours, si on ne sait pas où on veut aller ni où on est, on n’a pas besoin de boussole. Il faudra alors que quelque compagnon nous prenne par la main en chemin. Mais c’est pour se guider et guider les autres que les repères sont nécessaires et que la conscience de leur Sens est indispensable, d’autant plus que le Sens nous le sommes et la visée est nous-même comme être en devenir ou comme existant en devenir être, homme à accomplir.

La caractéristique du devenir est de se traduire par des âges de la vie ou de l’existence qui marquent une certaine progression dont la consistance significative change d’âge en âge. Lorsque le devenir est orienté dans le Sens de l’accomplissement humain alors il se déroule dans le temps selon une série de périodes où s’augmente la réalité existentielle selon la spécificité de chacune. Elles sont aussi séparées par des seuils de passage d’âge en âge. Chaque seuil fait passer d’un mode de développement existentiel à un autre. Ce sont des progressions successives qui balisent la trajectoire existentielle avec chacune une consistance spécifique, comme un changement d’existence, presque une renaissance mais aussi une mort à un temps révolu. En fait chaque âge construit sa part de l’existence que les suivantes complèteront. D’âge en âge c’est le développement humain qui se réalise mais comme il n’est pas à lui-même sa propre fin, il la trouve dans l’accomplissement tel que nous l’avons déjà évoqué. Si l’existence est vouée au développement, sa finalité reste l’accomplissement humain. On l’a vu, la réalité s’augmente par le déploiement de modes de conscience et de re-présentations, ce que l’on appelle développement, pour aboutir à cette conscience symbolique révélatrice de ce qui est source du développement : le Sens en conSensus, l’humanité de l’homme qui se révèle après s’être réalisée. Ainsi le devenir n’est pas une fin mais un moyen de révélation et d’accomplissement de l’être en nous.

Nous allons donc explorer les âges de la vie, leur consistance et phases de développement spécifique, les seuils de passage et leurs problématiques, et ce tant pour chaque personne que pour les communauté humaines, pour les organisations, les civilisations, les situations, les actions, toutes les réalités d’expérience humaine.

Pour cela il nous faudra comprendre la dynamique historique de l’existence qui se déploie selon une certaine séquence et comprendre les enjeux et les modalités de chaque âge et seuil de transition tant pour le développement que pour préparer l’accomplissement humain.

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