Principes dynamiques de la communication : activation actualisation
La communication est ce qui constitue le lien entre les hommes. Les relations interpersonnelles en sont le modèle que nos modernistes ont étendu à toutes choses tout en étant réduit aux interactions matérielles ou formelles. Pour l’Humanisme Méthodologique, la communication inter-humaine est évidemment un phénomène de nature humaine. Elle est donc à considérer tant du côté des Instances et du Sens que du côté de l’expérience existentielle et ses composantes.
Tout d’abord, la communication est partage de conSensus. De ce fait elle contribue à constituer les communautés humaines. De ce fait aussi elle est à la source des dynamiques actuelles d’où se déploient les réalités existentielles et leur dynamiques historiques. Il est intéressant de noter que des transmissions d’intentionalités se produisent avant même toute communication ordonnée. Le cerveau n’y est pour rien. Les tout petits enfants mais tout un chacun se trouve engagé dans un conSensus, sans conscience claire bien sûr, mais avec un sentiment d’évidence qui donne un effet de compréhension au-delà de toute explication.
Le conSensus entre deux personnes suppose un ajustement sur une même « Cohérence » ou ensemble de Sens puis un ajustement sur le même Sens dans cette Cohérence. Sur ces deux points on peut imaginer que l’un a pu influencer l’autre qui s’ajuste comme en résonance. On peut imaginer qu’il y était déjà prédisposé facilitant l’entendement mutuel que procure la communication. On peut encore imaginer qu’un contexte commun ait prédisposé l’un et l’autre à cette communication. Dans tous ces cas-là la communication vient comme une « communion d’esprit » ou de Sens qui réactualise la réalité de chacun, d’un monde commun et d’une histoire partagée. La communication fait exister, renforce et conforte l’existence. On peut même évoquer de ces communications installées, instituées qui construisent une existence commune ou même de celles qui en viennent à réaliser un autre homme, un descendant du conSensus. Un petit tour d’horizon nous montrera que nos existences sont tissées de part en part par ces myriades de communications, interpersonnelles et communautaires.
Le conSensus ne va pas toujours de soi. Si par exemple on est prédisposé dans des « Cohérences culturelles » différentes, alors le conSensus ne sera possible que si une Cohérence commune est trouvée pour que chacun s’y dispose. La fréquentation des mêmes communautés facilite les communications. En outre l’ajustement sur le même Sens ne va pas de soi. Par exemple si l’un est familier d’une certaine vision du monde ou orientation personnelle, il peut être moins bien disposé à s’ajuster à un autre Sens. Les croyances, les idéologies les engagements, les influences font ainsi barrage à des ajustements de Sens pour ceux qui n’ont pas une certaine liberté d’esprit (de Sens).
Inversement cette liberté qui permet de « s’ouvrir » a un conSensus, permet aussi de ne pas s’y engager.
Ainsi, par la communion des Instances, la communication réalise le monde dont nous sommes existentiellement parties prenantes.
Dans cette communication la communion des esprits ou conSensus peut apparaître passive ou active. Dans la communication passive le conSensus semble influencé soit par l’autre soit par soi-même, l’un et l’autre par le milieu et les circonstances qu’ils partagent. On aura ainsi une communication manifeste selon différents modes d’expression sans que les communicants en soient véritablement auteurs. Acteurs de la scène de communication mais pas auteurs. Il est vrai que beaucoup de communications sont de cet ordre ou chaque protagoniste est comme sous influence et contribue à influencer les autres. On peut se demander à quoi servent ces communications passives sinon à maintenir et renforcer un conSensus, pour le meilleur ou pour le pire. Il y a, bien sûr, tous ces cas ou une communication active de l’un vise à une communication passive de l’autre. Manipulations publiques, dominations « bien intentionnées » ou mal intentionnées, et toutes ces communications qui tentent, au fond, d’imposer un conSensus pour le partager et donc le monde qui va avec.
Une question que l’on aura a approfondir c’est comment maîtriser quelque peu une communication ? Il y a trois réponses. La première consisterait à identifier des moyens dont l’usage serait souverain. La seconde consisterait à trouver la bonne disposition pour influencer autrui. La troisième serait de disposer du discernement nécessaire à la détermination du Sens du bien, commun. On en verra largement les implications dans ce chapitre de l’agir humain.
Dans cette première approche il nous faut compléter le schéma en distinguant ce qu’il en est des Instances et ce qu’il en est de la réalité existentielle. Dans la situation existentielle la communication se présente comme expression, manifestation des protagonistes en même temps qu’un processus semble se dérouler où non seulement ces manifestations s’enchaînent et évoluent mais aussi la situation commune se transforme comme aussi la réalité existentielle de chacun.
Reprenons en les termes. D’abord la communication se traduit par l’expression de l’un et de l’autre, une expression alternée par exemple. Chaque expression est comme l’actualisation du Sens selon lequel chacun est disposé (dans la Cohérence en jeu). Ce qui est manifesté dit le Sens, le signifie. En même temps ce qui est exprimé « véhicule » ce Sens et par la même influence la position de celui qui écouté. En effet il ne fait pas qu’écouter ce qui est dit mais aussi celui qui s’exprime et, entendre l’autre, c’est comme se mettre en conSensus avec lui. Nous restons là encore très schématique. De ce conSensus comme reçu, comme entendu, comme consenti, empathique diraient certains vient ‘l’expression » de celui qui s’y trouve activé, autrement dit une actualisation dans une sorte de réponse, manifestation du Sens. On voit ainsi comment le processus circulaire se poursuit. Sens, expression, conSensus, réponse. Tout se passe comme si les expressions de chacun actualisaient les Sens qu’ils portent en eux qui étaient à leur tour activés par ces expressions. On peut alors imaginer qu’au fur et à mesure un entendement réciproque établi et renforce le conSensus en même temps que se développe une réalité commune.
On imagine toutes les difficultés et tous les obstacles selon les Sens en jeu et selon le discernement des parties prenantes. On imagine aussi bien que la communication se multiplie pour former des communautés de Sens et les mondes de leurs existences communes.
Avant d’entrer plus dans les détails du processus de communication on rappellera le fait que la communication engage et développe les dynamiques actuelles par lesquelles les mondes se réalisent et, on le verra, l’agir humain se déploie.