L’intuition est cette re-présentation de l’expérience première sous le mode subjectif. Elle accède à la signification interne, «ce que cela veut dire». Dans cette expression il y a comme un vouloir, une intention sous-jacente qui exprimerait une subjectivité qui se re-présente à nous, qui nous parle. L’intuition qui semble percevoir le coeur de la réalité le perçoit au cœur de soi-même. Tout se passe comme si la re-présentation subjective ou intuition était l’écho de l’intention présente au cœur de la réalité première dont on sait qu’elle est expérience du Sens en soi-même, Sens du conSensus bien sur. La conscience intuitive est donc cette re-présentation subjective de l’expérience première. Elle s’applique à toutes ses dimensions et composantes.
La conscience intuitive de la réalité objective. L’expérience première d’une réalité objective est celle de la présence des autres Instances dans le conSensus. La conscience intuitive reconnait la dimension subjective c’est-à-dire que les autres ne sont pas seulement en nombre mais sont aussi sujets porteurs d’intention. La conscience intentionnelle est comme l’écoute de l’intentionnalité de l’autre. Ce qui se trouve en nombre dans l’expérience première se trouve affecté d’une signification intentionnelle que l’on sait portée par le Sens en conSensus. Pas de statistique sans critères significatifs où l’intuition est indispensable.
La conscience intuitive de la réalité subjective. La dimension subjective de la réalité est celle de sa quiddité sa qualité propre, ce que cela signifie pour nous. La conscience subjective est la re-présentation de cela, sous le mode subjectif c’est-à-dire intuitif. Il y a comme une identification entre soi et la réalité sous cette dimension. Ce principe servira, on le verra, à l’élucidation des Sens, en soi même, des réalités considérées. L’intuition le préfigure en découvrant en soi ce qui se posait comme appartenant à la réalité sous sa dimension subjective. C’est par l’intuition et son exercice que le lien intime entre soi et le monde se révèle sous cet angle. S’il y a là une « intelligence du cœur » il peut aussi y avoir un réductionnisme où l’intuition devient puissance explicative de la réalité, virant à quelque toute puissance individualiste.
La conscience intuitive de la réalité projective. Le déploiement de la réalité, son développement spatio-temporel sont là re-présentés par une intuition qui appréhende la signification de se qui se passe, d’où cela vient, ou cela va-t-il, ce qui se prépare, les perspectives envisageables. Tout cela est le fruit de la conscience subjective de la situation ou intuition de la situation. Tout ce passe comme si l’intuition accédait aux dynamiques internes que l’on sait en rapport avec le Sens en conSensus. On pourrait aussi parler d’intuition stratégique. Comme toujours le réductionnisme négligera les rationalités en jeu et fera confiance à une puissance agissante du vouloir. Une caractéristique des tyrannies toujours étonnamment intuitives.
La conscience intuitive de la réalité sensible. Il s’agit bien d’une re-présentation de cette composante sous le mode subjectif de l’intuition. Il ne s’agit pas tant d’éprouver à nouveau le vécu sensible que d’en percevoir la signification (le Sens). L’intuition permet une compréhension de la réalité sensible, au-delà de la simple résonance empathique. Là encore un réductionnisme viendra expliquer la réalité sensible par des positions intentionnelles pouvant confondre le sujet intuitif avec les affects éprouvés. Je suis mes affects et mes affects sont ceux des autres, sont les autres. On appellera cela projection ou introjection. La conscience subjective n’est qu’une dimension de la re-présentation et l’intelligence intuitive est compréhensive mais pas confondante.
La conscience intuitive de la réalité factuelle. Elle accède à un pourquoi des choses. Qu’est ce qui fait que les choses soient ainsi, se présentent ainsi, ont tels ou tels effets… Cette re-présentation intuitive des choses factuelles est rapportée à des habiletés qui dépassent les simples mécanismes réflexes, au « sens » des choses que certains auraient par intuition comme le «sens» pratique. Il s’agit bien d’une re-présentation subjective de l’expérience première factuelle. Comme toujours un réductionnisme verra comme des pouvoirs magiques, des intentions portées par les choses et qui les anime. Cet animisme n’est pas absent des croyances modernes sur le jeu des causes et des effets.
La conscience intuitive de la réalité formelle. L’intuition du sens des textes, des images, des formes et modèles est courante même si elle inquiète les formalistes. Cette intuition viendra pour formuler, exprimer, dire, projeter ce qui l’inspire, dans la subjectivité de celui qui l’exprime. C’est un principe de créativité. L’intuition viendra aussi pour écouter et entendre les formes exprimées par d’autres, leur discours ou leur pensée, leur création éventuellement. Il y a encore un réductionnisme subjectiviste à l’opposé de cette intelligence intuitive. C’est le recours à l’opinion qui sait ce que cela exprime de son seul point de vue, de sa seule intentionnalité alors qu’elle n’est que re-présentation subjective de ce qui est déjà présent. C’est comme cela que l’on peut faire dire aux formes et expressions ce que l’on veut dans sa propre subjectivité du moment.
On le sait la subjectivité est ignorée par différents réductionnismes alors que l’intelligence intuitive permet d’accéder à une dimension essentielle de la réalité. Cependant elle peut se traduire à son tour par un réductionnisme subjectiviste qui rend alors suspecte toute subjectivité.