39 113

010 – L’Instance de l’homme

L’existence d’un individu comporte schématiquement trois dimensions structurantes et trois composantes.
C’est un objet particulier situé dans un contexte, un monde d’objets
C’est un sujet porteur d’intentions propres
C’est une vie en devenir dotée d’une histoire singulière

C’est une existence affective vécue
C’est une existence corporelle en activité
C’est une existence mentale de représentations.

Mais si l’existence d’un individu est tout cela, indissociablement, «celui» qui existe ainsi n’est rien de tout cela, en lui-même.

L’en soi de la personne humaine n’est, ni un objet, ni un sujet, ni un projet, ni une affectivité, ni une corporéïté, ni une conscience mentale mais il existe selon ces composantes.

Intervient ici la différence entre «être» qui serait «se tenir en soi, pour soi», et exister ou «façon d’être au monde» des existants. Cet «être» de la personne humaine, l’Humanisme Méthodologique le nomme Instance. La personne humaine est une Instance qui existe selon les modes spécifiques de l’existence humaine. Exister c’est se tenir hors (ex) de soi. L’Instance serait comme l’intériorité d’une extériorité existentielle. Elle est celui qui existe et dont l’existence est comme l’expression, la manifestation, l’incarnation.

Ce que nous découvrons ici c’est la transcendance de l’homme, de la personne humaine.
La transcendance est le rapport entre l’Instance et l’existence, entre être et exister.
Rien de ce qui constitue l’existence n’est dans l’Instance, rien de ce qu’est l’Instance constitue l’existence. Et pourtant l’existence est entièrement manifestation de l’Instance et n’existe pas sans elle, son principe, sa source. L’instance ne se connait qu’au travers de l’existence.

Pour faire image, je m’exprime par des mots, un langage, mais je ne suis pas mon expression qui pourtant représente ce que je veux dire, qui je suis. La «lettre» ou forme du langage n’en est pas l’esprit ou le sens mais l’exprime. La parole témoigne de l’être dans l’existence mais toute l’existence de l’individu témoigne de son Instance.

Tout ce que l’on peut dire, illustrer, ressentir à propos de l’Instance humaine, l’Instance de chaque personne, de notre personne n’est pas l’Instance mais une expression, une manifestation.

L’indissociabilité de tout ce qui constitue l’existence caractérise leur immanence. Il s’agit de ce rapport entre ce qui n’est pas séparé et constitue pourtant des aspects distincts du même individu dont le nom veut dire indivisible. Aucun de ces constituants n’est la cause des autres mais ils sont tous l’expression du même être, d’une Instance personnelle. La transcendance est un autre rapport qui n’est pas symétrique. D’un côté le principe de l’autre sa manifestation. Mais cette formulation est une image verbale on l’a compris.

Là vient une question : en quoi consiste cette Instance? Les hommes sont différents, leur Instance l’est-elle et comment? L’existence d’un individu est complexe, changeante, faite de multiples contenus affectifs, corporels, mentaux, de multiples intentions, de multiples projets, de multiples situations et contextes environnants. Il y a donc du multiple, de la diversité dans les instances humaines.

Ce qui constitue l’lnstance humaine c’est le Sens (écrit avec une majuscule comme pour Instance). Plusieurs Sens sont dans l’Instance humaine. Toute une complexité de l’Instance et ses Sens est à découvrir. Pour cela il faudra articuler ce qu’il en est des Sens dans l’Instance et ce qu’il en est de leur manifestation dans l’existence et ses multiples constituants. L’Humanisme méthodologique apporte là un éclairage, une «théorie» qui établi ce rapport qui explique sur la manière dont se construit l’existant à partir du Sens qui en est la source. Il montre aussi comment, à partir de cette manifestation existentielle, il est possible d’accéder au Sens, de l’élucider sous certaines conditions.

Notons ici que «théorie» n’est pas employé comme étant une construction purement formelle mais comme une voie d’accès à ce qui est, un témoignage révélateur, un chemin vers l’être. Comme souvent l’étymologie peut aider à trouver le sens.

Ce que montre l’Humanisme Méthodologique dans sa théorie, son anthropologie fondamentale c’est la façon dont se réalise l’existant à partir du Sens, notre existence à partir de notre Instance. Il montre que cela se réalise par le déploiement d’une structure particulière, la structure cohérencielle ou cohérenciel. Les trois dimensions de l’existence sont celles de ce cohérenciel de même que ses trois composantes. En quelque sorte, ce qui est Sens dans l’Instance se manifeste selon une structure cohérencielle celle des constituant de l’existence individuelle. Ce sera d’une très grande utilité pour comprendre et décrire les manifestations humaines, les phénomènes humains, les affaires humaines.

Cependant il y a encore une clé, un apport décisif de la théorie de l’Instance et de l’existence humaine c’est la question du conSensus. D’abord si les hommes sont des êtres de Sens alors leurs relations sont des relations de conSensus ou Sens partagés en commun. C’est le principe des relations humaines, de nature humaine, qui sont au fond des relations de Sens. Les communautés humaines sont la mise en commun de Sens (multiples). Ensuite le cohérenciel est la structure de l’expérience du conSensus. Ce qui fait l’existence c’est le conSensus entre les Instances. Notre existence est à la fois l’expression de notre être, notre Instance mais aussi celle des conSensus partagés avec d’autre hommes et dont elle dépend.

Si notre existence individuelle nous est propre elle est aussi dépendante des autres Instances. Nos existences sont interdépendantes, radicalement. L’existence humaine est ainsi toujours communautaire dans tous ses aspects mais elle est l’existence individualisée de nos êtres – Instances qui nous sont propres, personnelles, uniques.

C’est pour cela que l’homme est un être potentiellement libre alors que son existence est contingente, dépendante des autres Instances et de ses conSensus. Nous existons par et pour les autres selon notre Etre propre dont la reconnaissance et la liberté d’être, de conSensus, ne sont pas donnés d’avance. C’est là l’enjeu et le chemin de notre accomplissement. Mais ce sera pour une autre partie consacrée à la question du bien de l’homme et son devenir.

Ici il va nous falloir d’abord explorer les questions fondamentales de Sens et de conSensus. Un autre chapitre sera aussi consacré aux réalités existentielles puis un autre à la conscience humaine et le suivant aux communautés humaines.

Réagissez

*