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066 – Valeurs et qualités

On peut appeler axiologie la détermination des repères d’orientation vers le bien. Les valeurs sont à la fois, sensées être un principe axiologique – les valeurs c’est bien – et à la fois désigner les critères du bien. On évoquera « les valeurs » pour marquer sa référence au bien avant de désigner telles ou telles valeurs comme critère du bien. Cependant, la conception du bien et donc des valeurs de référence va déterminer de quel type de valeurs il s’agit. Par exemple les valeurs prises comme figures idéales vont s’exprimer par des postures, des semblants ou faux semblants ostentatoires et incantatoires et des critères de conformité. Les valeurs prises comme critères d’intérêt particulier d’un groupe ou d’un individu vont devoir répondre à des critères d’utilité, matérielle ou psychologique par exemple. Il y a aussi une conception des valeurs comme norme qui s’impose, comme dogme impératif en usage dans tous les totalitarismes. Pour l’Humanisme Méthodologique les valeurs sont des indicateurs du Sens du bien commun.

En conséquences les valeurs sont toujours propres à une communauté. Elles sont donc relative à une culture. Ensuite elle sont indicatrice d’un Sens celui du bien, commun aux membres de la communauté. Ce Sens du bien est un Sens d’accomplissement humain. Donc s’il est relatif à une part de l’humanité c’est bien de l’humanité universelle et son accomplissement qu’il s’agit. Enfin en tant qu’indicateurs les valeurs doivent s’exprimer dans des termes significatifs non seulement de chaque culture, non seulement de son Sens du bien commun mais aussi des circonstances et domaines où elles s’appliquent. Elles seront par exemple politiques, éducatives, économiques et relatives à toutes les modalités de la vie collective. Leur stabilité est donc problématique tant parce que leur rôle d’indicateur suppose une certaine constance mais aussi parce que la diversité et l’évolution de la communauté réclament périodiquement de nouveau indicateurs a durée de validité variable, de quelques siècles à quelques mois ou années. Évidemment les formules supposées éternelles ne le sont pas et leur sens est éminemment variable. Les tenants des figures formelles idéales font comme si la forme suffisait à dire le sens comme si le Sens du bien commun était donné par des formules toutes faites. Héritiers d’un universalisme dominateur nous sommes habitués à ces travers. Prononcer les formules fait l’économie de s’interroger sur le sens, sa pluralité et le choix responsable à assumer. La notion de liberté par exemple prend des sens différents selon les niveaux de maturité humaine et les mobiles en jeu. La notion d’égalité est une des plus ambiguës qui soit appliquant un ordre formel à des humains tous différents et des communautés infiniment variées. Il n’y a d’égalité comme de hiérarchie qu’en fonction d’une échelle de valeurs donnée, c’est à dire choisie comme référence indicatrice du Sens du bien commun. Poser un diagnostic d’égalité comme de hiérarchie dans l’absolu c’est poser comme absolue sa propre échelle de valeurs dont le sens reste occulté. Les « bonnes paroles » en matières de valeurs, on le comprendra, ne sont pas garantes du bien humain communautaire.

Ayant éclairé la notion de valeurs quant au sens et au champ de validité, ces valeurs se disposent comme référentiels partagés, comme échelles de valeurs et donc d’évaluation et aussi comme vecteurs et critères de valorisation.

Pour récapituler. Les valeurs sont les indicateurs dont se dote une communauté comme repères du Sens du bien commun qui leur est propre dans un domaine de développement ou un mode d’existence circonstanciel. Des valeurs qui se posent comme universelles dans leur formulation sont celle d’une communauté implicite ou explicite qui veut s’imposer aux autres en niant leur humanité singulière. Posant son bien commun à la place de tout autre elle impose des valeurs inappropriées donc inappropriables par des communautés autres sauf à se nier. De ce fait ces valeurs ne sont pas des indicateurs du Sens, du bien commun de quiconque par leur prétention formelle à l’universel. L’universel qui s’exprime au travers du Sens du bien commun de chaque communauté est transcendant à toute formulation et circonstance culturelle.

Les valeurs circonstanciée d’une communauté sont partageables au travers de référentiels de valeurs appropriés. Ces référentiels de valeurs vont servir à toute évaluation permettant une meilleure maîtrise de la conduite des affaires personnelles et communes et l’établissement d’échelles de valeurs communes. Celles-ci servent de guide pour l’amélioration des conditions, modalités et réalisations de l’existence communautaire et de la participation de chacun.

Il faut ajouter une définition, celle de la valeur. La valeur est une mesure de contribution à un bien commun et ses valeurs, selon une échelle de valeur appropriée par les parties prenantes. C’est ce qui permet d’apprécier les différences, les hiérarchies et les équivalences toujours relatives au Sens du bien commun propre. C’est le cas des monnaies dans l’économie, toujours communautaire. C’est le cas dans toutes les évaluations qui permettent de mieux maîtriser les entreprises et les réalisations, c’est le cas dans la mise en oeuvre de référentiels partagés ou dans l’éducation. Poser une mesure de valeur comme absolue et universelle participe de l’hégémonie communautaire dont nous avons parlé. Il nous faut y insister d’autant plus que nous héritons de systèmes de croyances dominateurs et prompts à s’imposer à toute autre culture. On a vu dans cette  partie des leçons, à quels réductionnistes, à quels Sens cela correspond qui ne sont pas d’accomplissement humain.

Nous voyons à ce stade que par les valeurs, l’évaluation, la mesure de valeur, c’est l’activité humaine. Elle est qualifiée dans son contenu et dans son développement sur la voie d’accomplissement, grâce aux bénéfices d’une maîtrise en humanité à cultiver tout au long de l’existence et de l’histoire.

Revenons sur cette qualification et la notion de qualité. La qualité est l’appréciation de la valeur propre des actes et des choses évalués selon les échelles de valeurs communautaires. La qualité est toujours relative comme la valeur et les valeurs. Elle est a la fois une appréciation et aussi le fruit d’un processus de qualification dans un cercle vertueux de qualité qualifiante.

Cette extension des valeurs à la valeur, à l’évaluation et la qualification de toute chose fonde les bases d’une praxéologique humaine qui va traiter de l’agir humain, des pratiques et des moyens que l’Humanisme Méthodologique propose. Elle est  fondée en humanité par la connaissance des phénomènes humains (épistémologie) et orientée dans le Sens de l’accomplissement humain que cette axiologie a développé. Et maintenant comment s’y prendre ? C’est la question abordée dans la troisième partie de ces leçons.

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